Après la création de To tube or not to tube au Louvre Lens, nous avons repris les chemins des collèges et lycées, et je ne sais avec quels mots vous témoigner mon enthousiasme face à ce que je découvre auprès de ces jeunes. Nous vivons un moment d’une importance historique sans précédent. 

22% des jeunes âgés de 18 à 30 ans se revendiquent « genderfluid » ou non-binaires. Ce n’est pas juste un chiffre*, ce n’est pas une mode, c’est une réalité concrète et vivante. La non-binarité ce n’est pas refuser le genre, c’est refuser les rapports de force, de pouvoir, de domination. Refuser de reproduire encore et toujours les mêmes discriminations. Refuser les violences. « Nul n’a besoin d’être fidèle aux erreurs du passé. Ni vous, ni personne.** » Cette jeune génération a réglé son compte au vieux conflit de loyauté pour s’affranchir de l’héritage patriarco-colonial. Cette génération s’indigne que 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 vivent un viol au cours de leur enfance, elle s’indigne que les violences homophobes, lesbophobes, transphobes augmentent d’année en année. Cette génération s’indigne et n’attend pas que les poules aient un clitoris pour poser les bases d’un nouveau monde où être soi sans peur ni honte, sans se taire, sans avoir à se battre toute une vie pour ses droits. En même temps leur laisse-t-on vraiment le choix ? Au rythme actuel nous mettrons 257 ans pour atteindre l’égalité économique, alors n’est-il pas temps de se (r)éveiller et de voir les promesses de l’aube ?

* Sondage IFOP de novembre 2020. ** Paul B Preciado, Je suis un monstre qui vous parle, Editions Grasset.